Mon blog, laventurierdudesert aimerait bien changer de pseudo après son retour de St Jacques de Compostelle.
Pour diverses raisons, propre à chacun, je décide d’entamer ce périple de 1600km
17 NOVEMBRE 2010
Ma première étape Precy S/sThil, mon départ est prévu à 7heures précises de Uncey le Franc en Bourgogne
Antoine et Marie assistent à mon départ, deux… trois …photos et il est temps de partir
. Je traverse de nombreux villages, de magnifiques fermes en pierre de tailles, ces châteaux, ces étendues de verdures parsemées de troupeaux de bovins sont une bouée d’oxygène quand on vit dans les grandes villes. En revanche, rencontrer du monde se révèle difficile très difficile, si ! un vieux paysan avec son accent bourguignon à qui je demande ma route car la batterie de mon GPS (neuf) ne tient pas la route (la charge)
Brave paysan il m’explique, mais je n’ai tout de même rien compris. Je traverse un patelin, je me serai cru au début du siècle mais une 307 grise métallise me fait revenir à la réalité, on est bien en 2010.
Après 7h30 de marche et 30 km à mon actif, J’arrive à mon hôtel qui porte bien son nom « le terminus », j’ai mal partout.
Douche, lessive, et préparation de mon trajet pour le lendemain.
Mon frère François arrive tôt le matin de Besançon pour me dépanner d’un nouveau GPS car porter les cartes IGN pas la peine d’y penser, il m’en faudrait une centaine et puis il faut vivre avec son époque. Merci François, mon coach.
18 novembre 2010
Bises à François, photos souvenir. Départ 8h30, le temps est idéal 10° pas de pluie direction La Pierre qui Vire, c’est un monastère perdu dans la forêt. Me revoilà parti avec mes douleurs de la veille mais qui ne durera pas trop longtemps, le temps de réchauffer les muscles et les articulations.
Comme la veille, je passe des hameaux sans vie, pas de fontaine, pas de cimetière pour faire le plein d’eau et boire à leur santé. 2 litres de flotte, c’est juste pour les 28 km à faire
La campagne est belle, calme, c’est reposant mais pas le temps de penser à la solitude, il faut avancer. J’arrive à la Pierre qui Vire à 14h30, c’est frère Guillaume qui me reçoit, mon hébergement est une magnifique « cellule » avec douche et tout le confort et chauffage bien sûr. On est loin de la vie des moines d’autrefois. Je compte rester 3 jours pour me reposer et profiter de cet endroit déroutant tout de même. On se sent bien ici, j’assiste aux prières des moines et leurs chants mélodieux.
Mais je suis toujours à la recherche dans mon désert
Je me suis bien reposé, je reprendrai la route demain, mon téléphone ne passe pas, je suis coupé du monde. J’ai hâte de l’entendre sonner.
21 novembre 2010
L’Huis Prunelle, très grosse journée de marche aujourd’hui 33 km, le chemin est épuisant car très boueux d’énormes trous d’eau jalonnent le GR 13 ce qui m’oblige à passer entre les arbres avec mon sac sur le dos (14 kg avec 2 litres d’eau compris) cela suffit, il ne faut pas voir plus c'est vraiment l’essentiel, pas de superflu. Je n’en vois pas la fin et toujours personne. Je finis tout de même par rencontrer une paysanne édentée, son aspect physique n’a pas l’air de la déranger mais c’est un plaisir pour moi d’échanger quelques mots.
J’ai une barre douloureuse derrière le genou droit et une vive douleur à celui du gauche, heureusement je ne suis plus très loin de mon gîte, épuisé et souffrant atrocement j’arrive enfin dans le gîte communal, un grand réfectoire et dortoir pour moi tout seul. Le gardien me donne 4 œufs et quelques patates. merci car je n’avais pas grand-chose, difficile de trouver une grande surface voir même une petite épicerie, on est dans le Morvan c’est beau mais faut aimer vivre en solitaire et moi avec mon désert je recherche autre chose
22 novembre 2010
Cros Marin est le programme de la journée 25 km 7heures de marche, je reprends la route a 7h30, mon petit déjeuner consiste aux pommes de terre de la veille que je déguste en marchant faute de petit café et tartines. Il ne fait ni froid ni chaud. Je traverse de magnifiques forêts de sapins, pas de bruit, pas de voiture, personne toujours seul au monde c’est magnifique, lugubre aussi car les sapins donnent un aspect sombre, voir noir. C’est beau le Morvan mais la solitude et la douleur de mes genoux me font craquer, je pleure « qu’est ce que je fais ici à l’entrée de l’hiver seul à marcher. Il faut que je réussisse c’est tout. Pourquoi ? J’espère que la traversée de ce désert ne durera pas trop longtemps. J’appelle mon coach il m’encourage à persévérer et me signale que je dois boire beaucoup plus. Je veux bien mais pas d’eau, pas d’âmes dans les villages, pas de fontaines et pas de cimetières non plus mais ou sont-ils ???
J’arrive à mon gîte très agréablement accueilli par Martine et Olivier. Ils m’invitent à venir manger avec eux. Repas super sympas un échange chaleureux, même histoire même galère, même expérience
Le soir, je bois deux litres d’eau pour drainer les muscles.
23 novembre 2010
Rochemillay, la prochaine étape. Réveil tranquille ce matin départ 8h30 car aujourd’hui 17 km me séparent de mon prochain gîte
Je me ménage, le genou droit semble stabilisé mais le gauche m’inquiète
Le chien de Cros Marin est un fidèle ami il m’a accompagné pendant tout le trajet je contacte Olivier qui ne peut venir le récupérer que le soir. Je n’ai pas été seul aujourd’hui merci Fenouil. La marche a été relativement tranquille mais il faut avoir l’œil sur le GPS car sinon on loupe les croisements, et pour récupérer ma route, j’ai dû traverser un champ, passer un bosquet, perdu un gant. Quelle galère !!! Demi-tour pour récupérer cet objet précieux car marcher sans gants c’est comme marcher pied nu dans la neige.
J’ai grimpé le mont Beuvret dans le Morvan à 800 mètres. Un tapis de neige légère tapisse le sol au sommet.
Je n’ai pas froid, je suis très bien équipé et aujourd’hui un bon moral
J’arrive au gîte de Rochemillay, une jeune femme très charmante m’a accueilli (280 habitants) cela fait chaud au cœur car je ne voyais jusqu'à présent personne.
J’ai une maison bourgeoise de 20 pièces pour moi tout seul.
Le soir, je mange dans le bistrot du coin, il me met les restes de mon repas dans de l’alu pour le lendemain midi
Merci kro, Nicolas, Jean Paul, Antoine, François, les Réunionnais et tous ceux qui me soutiennent dans cette aventure désertique par vos SMS qui m’obligent à retirer mes gants pour les lire et me les frigorifier.
24 NOVEMBRE 2010
Issy l’Eveque, départ 8h00 sous la brume, marche prévue 25 km un peu ! Beaucoup ! Inquiet pour mes blessures.
Le parcours est magnifique. Ces prés, cette verdure, ces odeurs de campagne, tout cela me distrait et je ne fais pas attention à mon GPS, cela m’oblige à faire 500 mètres en plus. Ce n’est pas rien car j’ai un œuf de pigeon à la cheville droite et un d’autruche derrière le genou, douleur parfois vive. J’ai faim, je mange les restes de mon repas d’hier soir tout en marchant. A ma grande surprise, le cuisinier m’en avait rajouté merci à lui, c’est une pensée et un geste qui réchauffe le cœur d’un nomade sans chameaux. Je marche vraiment doucement pour arriver 7h00 après à mon gîte un T2 près de l’église monument historique de Issy l’Evêque. Je suis accueilli par Madame Joubert qui certes n’a plus la même fraîcheur que la jeune femme de la veille mais qui est tout aussi chaleureuse.
Il y a des commerces ici, j’achète quelques provisions et une tablette de chocolat qui ne tiendra pas une heure, une paire de lunettes de vue de près (eh! Oui..) perdue ou oubliée. Me revoilà seul dans mon T2 mais le moral est bon, les commerces c’est la vie d’un village, je comprends l’inquiétude des gens de la campagne, de l’isolement que cela procure, la suppression des petits commerces.
25 novembre 2010
Gueugnon, 16 km 4 heures de marche sans problème particulier.
Disons que je suis monté sur la colline avec la pluie qui s’est transformée en neige mouillée puis en un clin d’œil les pâturages se sont habillés d’un manteau blanc, c’est beau silencieux.
En redescendant la verdure des prés reprenaient ses droits.
Les bovins beuglent dans les champs, ils demandent à rentrer dans les étables.
J’arrive dans mon hôtel avec télé que je m’empresse d’allumer car je souhaite connaître un peu les infos, mais cela me fait vite redescendre dans la réalité : « pourquoi la vie ne peut pas être si simple », j’écoute la météo il va faire froid, puis je l’éteins pour prendre la plume (le bic) La sonnerie de mon portable se transforme en rayon de soleil, c’est MJ qui m’appelle.
Je suis allé voir le médecin, car je ne dis rien mais j’ai toujours mal aux genoux et à la cheville.
Il me dit que c’est normal, il faut du tps pour que le corps s’adapte. Je me rends à la pharmacie, j’ai discuté 1 heure avec la pharmacienne. Merci docteur j’ai plus mal !!!!!
26 novembre 2010
Paray le Monial, 24 km pas froid mais de la neige partout.
Traverser une forêt enneigée c’est grandiose.
Le parcours est difficile malgré tout car j’ai vraiment mal, je désespère mais je garde confiance, ( paradoxal non !!! ) Je marche à très petit pas. Je n’en peux plus c’est trop douloureux. La camionnette du facteur s’arrête à ma hauteur sans que je lui fasse du stop et m’invite à grimper derrière, il n’a pas le droit mais nous dirons que c’est assistance à personne en péril. Je ne me fais pas prier, j’ai vraiment mal. Honnêtement je ne sais pas comment j’aurais fait pour faire ces deux derniers kilomètres soit pour un piéton ½ de marche. Il me dépose juste avant la poste.. Merci au facteur de Paray. J’arrive à la maison du Sacre Cœur tenu par des religieuses, elles acceptent de me garder 3 jours, merci à elles, car je n’aurais pas pu continuer ma route
Un des religieuses avait déjà fait St jacques de Compostelle, elle était heureuse de m’apporter des conseils de la lecture et des cassettes.
Nous sommes trois pensionnaires un allemand parlant bien le français, un dijonnais une véritable encyclopédie de géographie mondiale jusqu'à connaître la hauteur du piton des neiges et la hauteur du mont Faront à Toulon sans y avoir jamais mis les pieds. Ah! Oui et le nombre d’habitants à Sydney ( vous voyez le genre) et moi. Rencontre sympathique
J’en ai profité pour m’acheter des gants goretex
Je renvoie par la poste 1kg 250 gamelles, couteau et réchaud ce sera toujours ça en moins de poids sur mes genoux, j’espère que je n’en aurais pas besoin à l’avenir.
Je suis content car je fais enfin des nuits complètes car la fatigue m’empêchait de faire de bonnes nuits revitalisantes.
29 novembre 2010
Marcigny, 26 km 8h00 de marche le soleil joue à cache avec les nuages, je marche dans cette belle campagne, la France profonde. La neige a fondu.
J’arrive à Ancey le Duc à 12h45 dans un petit village, une boulangerie, je m’arrête, le temps de défaire mon sac a dos, mes gants etc.…
Une personne rentre, je la suis, il demande 1 pain, il n’en reste que deux, il prend le plus gros il ne me reste que le petit pain pas moins et pas plus juste assez.
Je dis merci j’ai vraiment de la chance mais au fond de moi je sais que quelqu’un veille sur moi.
14h30 J’arrive au gîte rural, accueil nul, pas un mot, cher, je suis déçu, mais cela fait parti aussi du voyage.
vivement que je reparte demain…
Mon jugement a été un peu trop hâtif car la maîtresse de maison est beaucoup plus accueillante, mais je ne l’ai vu qu’au petit déjeuné, pris dans une cave voûtée très originale.
30 novembre 2010
Roanne, départ 7h45, il fait froid des routes très linéaires et à l’infini. 33 km, je n’en vois pas la fin. Il s’est mis à neiger à l’entrée de cette ville en quelques minutes le sol étais tapissé d’une couverture blanche de 10 cm et moi en bonhomme de neige, n’ayant pas réservé de chambre d’hôtel car j’étais sûr de trouver facilement, il a fallu que je rallonge mon parcours de 4 km soit une heure de plus de marche pour trouver un formule 1, et dans mon état c’est dur dur.
Ouf !! Il n’est pas complet dieu merci car franchement, je me serais mal vu de dormir à la belle étoile même avec des draps tous neufs (vous avez compris, je parlais de la neige.
1er décembre 2010
St Jodard, 18 km 5 heures de marche. J’ai galéré pendant la grande descente, j’avais mal au genou gauche, c’est vraiment le jeu de la chaise musicale car la douleur passe du genou gauche, genou droit, puis la cheville etc … pas une seule fois depuis le début j’ai pu marcher sans douleur. J’arrive enfin à la communauté de st Jean. 70 élèves apprennent la philosophie et la théologie pour devenir moines ou prêtres. Beaucoup de jeunes étrangers mais aussi de français. Je pose mon sac le moine hôtelier me dit « on va aller manger c’est l’heure » je n’avais pas prévu le repas et je ne pensais pas arriver si tôt. Je me sens toujours protégé.
C’est un grand réfectoire, le silence en mangeant, 1 moine fait la lecture aux autres et 3 moines veillent pour le service et sont attentifs à ce que les autres ont besoin.
Ma chambre est spartiate mais il y a le chauffage.
Je profite pour faire la lessive, et participer aux offices et au cours de philosophie du soir.
2 décembre 2010
Montbrison, 39 km départ 7h30 arrivée 16h45, 9h15 de marche. Je marche sur le plateau du Forez avec des lignes droites interminables, le soleil sur la neige donne des reflets scintillants, c’est magnifique. Ce soir je suis logé chez Marie une amie de François, aujourd’hui c’est devenu pour moi également une amie. J’étais comme chez moi, très à l’aise tellement bien que j'y passe 2 nuits. Nous avons discuté de nos vies au coin du feu.
J’ai pu lire mes mails sur son ordinateur, et préparer la suite de mon parcours et tout cela bien au chaud.
Merci Marie, de ton accueil.
4 décembre 2010
La Chapelle en Lafaye, -11°, 26 km départ 7h30, arrivée à 14h00.Ce n’est pas désagréable de marcher sous la neige et le froid !! Si, peut être pour les doigts des mains qui n’apprécient pas beaucoup. C’est la fête au village pour le repas de fin d’année. Monsieur Jolly m’invite à partager leur repas. Accueil très sympathique, En face de moi un couple revenait également de St Jacques, on a discuté.
Le gîte est pour moi tout seul, une fois de plus.
5 décembre 2010
St André de Chalencon, 7h30 de marche à travers le Mont Forez de beaux paysages
Le gîte est tenu par des belges, lui c’est un ancien routard, ils sont vraiment très sympas. Ils ont une vie harmonieuse, ils vivent au rythme des saisons leurs deux enfants me font penser aux miens mais le gîte à 40 euros avec le repas et pas chauffé et très mal insonorisé c’est dommage.
Mais bon, ce soir, il pleut et je suis à l’abri.
6 décembre 2010
Le Puy en Velay, enfin le premier tronçon de route fait. Départ 8h00, 33 km, je marche sur le plateau avec une vue sur les montagnes c’est grandioses mais l’arrivé au Puy par la route est interminable. Route très fréquentée par les véhicules et très longue en lacet chaque virage en emmène un autre. La neige étant présente, je ne peux pas m’engager sur le GR.
Je suis démoralisé de marcher seul
Le gîte St François m’accueille, j’espère trouver d’autres pèlerins. Mais je n’y crois guère
Je compte rester ici 2 jours, histoire de voir les monuments du Puy, monter voir la statut de la Vierge etc..
Je m’aperçois en fait que tout est fermé, impossible de voir les monuments, après avoir préparé la suite de mon périple, les gîtes des futures étapes sont fermés, les personnes ne veulent pas chauffer leurs chambres pour un retardataire comme moi ou bien trop en avance sur les autres. Je suis donc obligé de stopper mon parcours. Je visualise un gros sens interdit. Mon choix est fait, je reporte donc la suite de mon parcours pour début mars 2011
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